La santé mentale des Français est durement éprouvée depuis le début de la pandémie de Covid19. C’est le constat dressé par l’étude « Santé mentale : faire face à la crise » de l’Institut Montaigne, publiée début décembre 2020. Pour l’Institut, 4 grands leviers permettraient de mieux prendre en charge la santé mentale, dont le développement des outils numériques, de la télémédecine et l’usage sécurisé des données de santé.
« La dépression et les troubles anxieux, maladies fréquentes dont souffrent chaque année 17 % des Français, augmentent de façon inquiétante », souligne l’étude de l’Institut Montaigne. Entre fin septembre et début novembre 2020, « la prévalence des troubles dépressifs a doublé, touchant tout particulièrement les jeunes et les personnes en situation de précarité ». Les soignants ne sont pas en reste et plusieurs études montrent un impact psychiatrique fort de la pandémie sur les équipes de première ligne.
Pour l’Institut, « la hausse des souffrances psychiques et les impacts psychiatriques de la pandémie vont sans aucun doute constituer l’un des grands défis des prochaines années ». Face à ce constat, il déplore des conditions d’accès aux soins extrêmement difficiles. « Seules 40 à 60 % des personnes souffrant de troubles psychiques sont aujourd’hui prises en charge et la qualité des soins est très inégale ». En cause : « Des ressources mal réparties sur le territoire, des barrières financières, des délais d’attente très longs, des cloisonnements forts entre médecine somatique, psychiatrie et médico-social et une forte stigmatisation », mentionne l’Institut.
Quatre grandes propositions pour l’accès aux soins
Le contexte est aujourd’hui favorable à une transformation de la prise en charge de la santé mentale en France, explique l’Institut Montaigne. Il fait à ce titre quatre grandes propositions pour la rénover.
- Donner à la médecine générale les moyens d’intégrer la prise en charge de la santé mentale dans une approche centrée sur les patients, collaborative et non stigmatisante.
- Favoriser l’accès aux psychothérapies adaptées à travers leur remboursement, une meilleure formation des professionnels, ainsi que le développement des outils numériques et de la télémédecine.
- Faciliter la création de nouveaux métiers dans le champ de la santé mentale : infirmiers en pratique avancée, Care-managers, médiateurs de santé pairs, etc.
- Faciliter les échanges d’information et la coordination entre les professionnels de santé grâce au numérique.
Du côté de la e-santé, l’Institut Montaigne insiste sur le développement de la télémédecine en santé mentale et notamment sur la nécessité de « diffuser et faciliter l’accès au soutien psychologique à travers des outils de e-santé qui permettent de faire à distance certains exercices, de rendre le patient acteur de son traitement, de renforcer les apprentissages, et d’assurer un suivi au-delà des séances prescrites ».
Il propose également « d’accompagner et inciter les fournisseurs de services numériques en santé à respecter les référentiels de sécurité et d’interopérabilité ». De renforcer la sécurité des systèmes numériques en santé. D’impliquer davantage les usagers et les professionnels de terrain dans la question de l’usage des données de santé pour favoriser un climat de confiance. De former davantage les professionnels au recueil et à l’usage des données de santé et aux bonnes pratiques de l’utilisation du numérique dans leur pratique professionnelle. Et enfin, d’investir dans la numérisation et les systèmes d’information de la psychiatrie, du médico-social et de la médecine de ville.
Ghislaine Trabacchi
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