Parkinson : Walk, un dispositif d’aide à la marche

26 septembre 2018

Parkinson : Walk, un dispositif d’aide à la marche

La start-up française Resilient Innovation a mis au point Walk, un dispositif d'aide à la marche pour les personnes souffrant de troubles neurologiques, comme la maladie de Parkinson. Son fondateur et président, Jordan Miron, explique le fonctionnement de cet appareil qui utilise la stimulation rythmique auditive pour améliorer l'autonomie.

Vous êtes fondateur et président de la start-up Resilient Innovation qui a commercialisé, fin 2016, le dispositif d’aide à la marche Walk. Comment cette initiative est-elle née ?

Portrait de Jordan Miron, fondateur et président de Resilient InnovationJordan Miron – En 2012, alors que je finissais mes études d’informatique, un ami a subi un très grave accident de la route ayant entraîné une fracture de sa colonne vertébrale. Après avoir été opéré, il s’est retrouvé hospitalisé en neurologie, puis en longue rééducation.
En lui rendant visite, je me suis rendu compte que les troubles neurologiques, qui impactent la qualité de la marche, ne surviennent pas seulement chez les accidentés de la route. Ils touchent aussi les personnes âgées, après une chute, ou les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. C’est également le cas pour les victimes d’un accident vasculaire cérébral, l’AVC, qui peut provoquer une hémiplégie, c’est-à-dire une paralysie touchant un ou plusieurs membres d’un côté du corps.
J’ai été étonné du manque de solution technologique pour venir en aide à ces personnes. J’ai donc décidé de creuser l’idée au niveau scientifique. Je suis tombé sur une méthode qui existait depuis plusieurs années : la stimulation rythmique auditive. Il s’agit d’une stimulation externe au cerveau, passant par les aires auditives. C’est sur cette base qu’a été conçu l’appareil Walk.

Comment fonctionne cet appareil ?

Jordan Miron – Il est complètement automatique : une fois allumé, il détermine en temps réel s’il faut stimuler l’utilisateur ou non. Ainsi, il peut stimuler une personne pour démarrer la marche, maintenir une bonne cadence de pas ou un rythme régulier. Si l’utilisateur s’assoit, la stimulation se met en veille, puis se rallume pour l’aider à se relever et à marcher.
Pour cela, l’appareil comporte un écouteur et un boîtier qui, grâce à des capteurs, analyse les mouvements de la personne, en se basant sur son centre de gravité. Ce dernier est donc généralement placé au niveau de la hanche, dans une poche ou à la ceinture. La personne porte un écouteur un peu particulier, qui utilise la conduction osseuse : le son passe par l’os, via une onde sonore transmise par vibration, et non pas par les voies classiques de l’oreille, via l’air.
Une petite membrane de l’écouteur vibre juste à côté de l’oreille, au niveau de l’os de la mâchoire. C’est cette vibration qui fait percevoir le son à la personne, comme avec des écouteurs classiques, à la différence que cet écouteur laisse l’oreille libre. La personne peut donc le porter tout en entendant ce qui se passe autour d’elle, et participer à une conversation. C’est très confortable. La stimulation reçue est comme une sorte de métronome, dont le son peut être réglé par les utilisateurs. Ces réglages de confort permettent de choisir une tonalité plus ou moins aiguë, ou grave, et de choisir le son perçu : « tic-tic » ou « tic-tac ».

Que corrige cette stimulation externe ?

Jordan Miron – Les sujets très âgés, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ou victimes d’un AVC ont tous un point commun. Ils ont des difficultés de connexion entre les aires du cerveau gérant la rythmicité et les aires motrices qui doivent recevoir certains signaux pour déclencher, par exemple, la parole ou la cadence de marche. La rythmicité a un impact assez large sur notre vie, car elle intervient sur de nombreux facteurs non volontaires, tels que la respiration et la concentration. Il est donc très important de corriger ce problème.
Pour pallier cette mauvaise transmission du signal à l’intérieur du cerveau, l’appareil Walk lui envoie un signal de façon externe en direction des aires motrices. Il prend en quelque sorte un itinéraire bis !

Les patients sont-ils tous réceptifs à cette technique ?

Jordan Miron – La stimulation rythmique auditive fonctionne bien chez deux personnes sur trois. L’efficacité du Walk est spectaculaire sur environ une personne sur trois. Très vite, les personnes marchent et sortent de nouveau. Dans un tiers des cas, les personnes sentent l’effet de la stimulation, ce qui leur permet de mieux marcher, mais doivent poursuivre leurs efforts pour faire progresser davantage leur autonomie. Dans le tiers restant, non sensible à la stimulation, on retrouve notamment des personnes qui ont trop de problèmes musculaires pour tenir debout.

Quels enseignements en tirez-vous ?

Jordan Miron – Sur le plan physique, le Walk induit un pas de meilleure qualité, plus harmonieux, plus rapide et plus rythmé. Nous avons constaté une augmentation de la vitesse de marche, comprise entre 20% et 30%. De même, la régularité du pas progresse entre 10% et 20%. S’il n’est pas chiffré, l’impact économique lié à la réduction du nombre de chutes n’est pas négligeable. Chaque année, la prise en charge des chutes coûte des millions d’euros à la société !
D’un point de vue social, l’impact est tout aussi positif puisque la moitié des utilisateurs estime avoir repris confiance en elle. Cette autonomie accrue a un effet bénéfique sur les aidants qui, de ce fait, n’ont pas nécessairement besoin d’aider la personne à marcher lors d’une promenade.

Et vos objectifs d’avenir ?

Jordan Miron – Le développement à l’international constitue l’un de nos objectifs pour 2019. Aujourd’hui, nous avons plusieurs centaines d’utilisateurs, surtout en France, et quelques clients en Europe. Entre 200 à 300 utilisateurs sont des particuliers. Une centaine d’appareils est utilisée par des professionnels, essentiellement dans des centres de rééducations, ainsi que dans des maisons de retraite ou des résidences services. Nous ciblons particulièrement les professionnels proactifs sur le bien-être du patient, tels que les médecins rééducateurs, les kinésithérapeutes ou les ergothérapeutes.
Nous n’avons pas encore un volume de marché assez important pour proposer la location du dispositif. Pour l’heure, le Walk est donc uniquement disponible à la vente au prix de 1.790 euros. Une période d’essai d’une semaine, incluant un suivi et un accompagnement de nos équipes, permet aux acquéreurs de tester l’appareil et de le garder uniquement s’il répond à leurs attentes. Le Walk est éligible à un financement par les MDPH, les maisons départementales des personnes handicapées.

Propos recueillis par Paula Ferreira

Pour en savoir plus : www.walkbyresilient.com ou 09 77 55 82 02 (numéro gratuit)