C’est grâce à une méthode d’apprentissage automatique dite de machine learning utilisant l’intelligence artificielle que des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux ont développé un algorithme prédictif du risque suicidaire des étudiants. C’est ce qu’annonce un communiqué de presse du 15 juin de l’Institut qui précise que cette étude réalisée pendant un an auprès de plus de 5000 étudiants a été menée en collaboration avec les universités de Montréal et McGill au Québec.
Principal enseignement : « Parmi les 70 prédicteurs potentiels mesurés à l’inclusion, quatre permettent de détecter environ 80% des comportements suicidaires lors du suivi. Il s’agit des pensées suicidaires, de l’anxiété, des symptômes de dépression et de l’estime de soi », explique le communiqué.
Ce suivi a également révélé qu’environ 17% des étudiants participants – filles (17,4%) comme garçons (16,8%) – ont présenté des comportements suicidaires au cours de l’année qui s’est écoulée entre les deux questionnaires auxquels ils ont répondu.
« Ces travaux demandent confirmation mais ils ouvrent la possibilité de dépistage à grande échelle en identifiant, grâce à des questionnaires courts et simples, les étudiants à risque de suicide pour les orienter vers une prise en charge adéquate », explique Christophe Tzourio, coordinateur de l’étude.
De nouvelles perspectives de prévention
« Les spécialistes de santé mentale dans nos équipes ne s’attendaient pas à ce que l’estime de soi fasse partie des quatre facteurs prédictifs majeurs des comportements suicidaires », souligne Mélissa Macalli, doctorante en épidémiologie et auteure de l’étude. « Ce résultat, qui n’aurait pas été obtenu sans l’utilisation de techniques d’intelligence artificielle, qui ont permis de croiser un grand nombre de données de façon simultanée, ouvre des nouvelles perspectives aussi bien de recherche que de prévention », conclut-elle.
Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et les étudiants sont particulièrement exposés au risque de comportements suicidaires. Plusieurs facteurs connus peuvent contribuer à l’augmentation des risques chez cette population : le passage du lycée à l’université, l’augmentation de la charge de travail, l’augmentation du stress psychosocial et des pressions scolaires, et l’adaptation à un nouvel environnement. Ces risques ont été exacerbés par la situation de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.
Ghislaine Trabacchi
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