« La lutte contre les drogues et les conduites addictives ne peut pas se passer de l’apport de la e-santé. » C’est ce qu’affirme le rapport remis à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) par Michel Reynaud, président du fonds Actions Addictions, et Jean-Pierre Thierry, le conseiller e-santé du fonds, sous le titre « Addictions : la révolution de la e-santé pour la prévention, le diagnostic et la prise en charge ».
Les auteurs du rapport, rendu le 14 mai 2019, demandent « un plan pour le déploiement progressif et intégré des solutions de e-santé » dans ce domaine. Ils annoncent que « la mobilisation de nouveaux acteurs tels que les consommateurs et les patients » grâce aux solutions numériques « permettra de répondre en partie aux besoins non couverts par les spécialistes médicaux » et que la technologie pourra « faciliter également les parcours de soins, actuellement peu cohérents et comportant de nombreux points de rupture ».
« Le smartphone doit désormais être considéré comme le vecteur privilégié pour l’adoption des services et solutions de la e-santé dans le champ des addictions », estiment les auteurs. Selon eux, « l’étude des troubles comportementaux dans les addictions (…) sera révolutionnée par l’IA appliquée aux données générées » par ces appareils.
Une task force « addictions et e-santé »
Le rapport recommande notamment de créer une task force « addictions et e-santé », réunissant des experts du domaine des addictions, de la e-santé et de la transformation numérique. Cette task force serait chargée :
- de définir un plan d’action visant à inclure la e-santé dans les programmes publics de lutte contre la drogue et les conduites addictives ;
- de rechercher l’engagement des usagers et des représentants de patients, avec le concours de l’Union nationale des associations agrées d’usagers du système de santé (France Assos Santé) ;
- de contribuer à garantir le respect des règles nationales et européennes garantissant la confidentialité et la sécurité des données de santé (Cnil, RGPD).
Intégration territoriale et recherche
Les auteurs demandent d’« identifier deux ou trois régions sanitaires pilotes pour l’expérimentation d’une intégration territoriale de la e-santé, pour l’amélioration de la qualité de la coordination des soins et du parcours des patients », bénéficiant de l’appui des Grades. Ce projet concernerait une plateforme incluant télésanté, parcours de soins, dossier de coordination, gestion des rendez-vous, gestion des objets connectés.
Le rapport préconise de favoriser la recherche dans le domaine des addictions reposant sur l’analyse des données populationnelles et comportementales, en relation avec le Health Data Hub ainsi que dans le cadre des Instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA), le tout « en tenant compte du potentiel de la santé mobile, des chatbots, des jeux sérieux et de la réalité virtuelle ».
Les auteurs du document suggèrent également de créer un observatoire des « stratégies de communication numérique susceptibles de favoriser les conduites addictives et ciblant notamment les plus jeunes ». Cette entité serait également chargée de coordonner « les stratégies numériques susceptibles de contrer ces incitations ».
Des recommandations d’ordre général
Le rapport propose parallèlement de « favoriser le développement et la reconnaissance du rôle des »patients experts« pour l’information des aidants, l’éducation thérapeutique et l’animation des plateformes et solutions intégrées spécialisées dans les addictions » .
Ses auteurs demandent la reconnaissance de la situation de longue maladie pour les addictions sévères afin de faciliter leur traitement : il s’agirait d’inscrire les addictions dans la liste des affections de longue durée exonérantes (ALD 32).
Rédigé par Health & Tech Intelligence – Care Insight