Passage de la chimie aux biotechnologies et à la génomique, émergence de startups et de petites entreprises aux côtés des grandes firmes : l’écosystème pharmaceutique est en pleine mutation et la France accuse un retard important en matière d’innovation.
Dans une note de janvier rédigée par Margaret Kyles et Anne Perrot, le Conseil d’analyse économique (CAE) explique notamment ce retard français « du fait de l’insuffisance des financements publics alloués à la recherche et à l’écosystème d’innovations ». Intitulé « Innovation pharmaceutique : comment combler le retard français ? », ce document fait état de propositions et de recommandations à destination du gouvernement pour relever ce défi.
Pour le CAE, « des améliorations pour combler le retard français sont aussi à chercher dans la politique de recherche et la gouvernance du processus d’innovation ». En premier lieu, le Conseil mentionne que « si le brevet constitue un élément essentiel de l’écosystème de l’innovation, sa rigidité n’est pas toujours adaptée ». A cette intention, il recommande de permettre l’élaboration de contrats au niveau européen dont la durée de l’exclusivité commerciale varie en fonction du degré d’innovation du médicament. Pour certaines pathologies prioritaires, le Conseil estime qu’une « coordination supranationale serait souhaitable pour lancer des concours d’innovations pharmaceutiques ».
Des fixations de prix plus cohérentes
Le CAE précise que le prix des médicaments est également un élément de régulation à repenser dans le cas de la France. Il préconise ainsi de « rendre ses règles de fixation plus cohérentes et de le faire évoluer au cours du temps sur la base de données en vie réelle ». Il conseille également de faire un même travail de cohérence et de simplification souhaitable pour la procédure d’autorisation du médicament : « Nous plaidons pour la mise en place d’un interlocuteur unique pour les porteurs d’innovation. »
Le Conseil soutient la poursuite du travail de consolidation et d’ouverture des données au sein du Health Data Hub au niveau national et l’initiative du European Heatlth Data Space (espace européen des données de santé), pour un partage européen de données. Objectif : développer la recherche et l’évaluation de nouveaux médicaments par les agences de santé.
Enfin, le CAE interroge le faible recours aux génériques en France et le meilleur usage qui pourrait être fait des dépenses en médicaments. Il recommande à ce titre « d’évaluer l’efficacité des dernières mesures visant à favoriser la substitution vers les génériques afin de faire jouer la concurrence et de libérer le budget pour les dépenses en médicaments innovants ».
Ghislaine Trabacchi
A lire aussi
Médicaments innovants : les douze propositions de l’Institut Montaigne
Dans son rapport sur les médicaments innovants publié le 19 septembre, l’Institut Montaigne émet 12 propositions pour favoriser l’innovation thérapeutique et l’émergence de nouveaux médicaments.