La crise sanitaire a enclenché un mouvement qualifié de « tectonique » par l’Institut français des relations internationales (Ifri) dans la recomposition des modèles de gouvernance et de protection des données de santé dans le monde. C’est ce que constate l’Institut dans une récente étude publiée en juillet et intitulée « La gouvernance des données de santé : leçons de la crise du Covid-19 en Europe, en Chine et aux Etats-Unis.
L’Ifri mentionne que, parallèlement, cette crise a été un accélérateur à l’investissement des grandes entreprises dans le domaine de la e-santé. « La pandémie de Covid-19 a révélé les carences des modèles de gouvernance préexistants dans chaque région du monde et la nécessité de tendre vers un modèle de gestion des crises de santé publique par la donnée de santé. »
L’étude de l’Ifri compare les modèles européens, chinois et américains dans la gouvernance de leurs données de santé. En Europe et en France en particulier, souligne-t-il, la crise sanitaire a été « le révélateur d’une longue innocence technologique ». « Malgré un réveil stratégique, des questionnements subsistent sur la capacité des Européens à coopérer efficacement et à avancer vers un espace commun du numérique en santé. »
Aux États-Unis, la pandémie a fait naître des tensions autour du modèle de gouvernance des données de santé face aux lacunes illustrées par la gestion technologique de la crise, notamment sur l’articulation entre le gouvernement fédéral et les autorités des États. « Des changements sont annoncés par le président Joe Biden, qui tendent vers un modèle de régulation global des données personnelles », précise l’Institut.
En Chine, la pandémie a accéléré la transition « vers un modèle de capitalisme de surveillance dont les réussites durant la crise sont à nuancer et qui pourrait occasionner à court terme une nouvelle lutte de pouvoir entre le régime et les géants chinois du numérique », analyse l’Ifri.
La crise de la Covid-19 a accéléré l’expansion des entreprises du numérique, constate parallèlement l’Institut. Ces dernières se positionnent désormais « sur toute la chaîne de valeur de la donnée de santé, de sa collecte brute via des objets connectés à leur traitement en masse à des fins assurantielles ». Pour l’Ifri, elles ont désormais en main « tous les leviers pour valoriser économiquement cette collecte grâce au traitement des données massives et à l’aide de l’intelligence artificielle ».
Ghislaine Trabacchi
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