Le passage d’un système de soin à un système de santé, la levée des freins à l’innovation, la place centrale à accorder aux plateformes nationales de santé et l’intensification de la formation et de l’acculturation des professionnels et des usagers. Ce sont les quatre grands axes du rapport relatif à la transformation numérique du système de santé publié le 11 juin 2020 par le Conseil national du numérique (Cnnum).
« Saisi en juin 2019 par la ministre des Solidarités et de la Santé et par le secrétaire d’État chargé du numérique, le Conseil national du numérique remet aujourd’hui un rapport dans lequel il détaille dix-huit recommandations destinées à accompagner cette transformation », précise le communiqué de presse du Cnnum. Ces recommandations sont « loin d’être rendues caduques par l’irruption de la Covid-19 », souligne le Conseil qui constate que la crise sanitaire « a rendu d’autant plus urgente leur traduction en actes politiques ».
A l’heure d’une concurrence internationale accrue en matière de santé numérique et de l’arrivée sur notre marché de services parfois en contradiction avec le modèle social français et la vision d’une santé accessible à tous, « il nous paraît impératif de développer une vision française du numérique en santé, et de la porter sur la scène européenne », signale le Cnnum.
D’un modèle de soin vers un modèle de santé
Pour son premier axe, le Conseil propose de renforcer la gouvernance du numérique en santé en clarifiant les rôles des institutions et la répartition du pilotage stratégique et opérationnel tout en affirmant la place centrale du patient au cœur du système de santé. Il recommande également de réussir la transition d’un modèle de soin vers un modèle de santé, « ce qui nous impose de repenser à la fois notre système de financement et la place de la prévention », précise-t-il.
Deux autres conditions impératives selon le Cnnum : garantir la confiance dans les systèmes afin d’assurer l’adhésion des citoyens et des professionnels en veillant à leur interopérabilité et à leur sécurité et promouvoir un numérique en santé responsable, « ce qui rend nécessaire d’intégrer aux politiques du numérique en santé les problématiques relatives à l’éthique, à l’inclusion numérique et à la responsabilité environnementale », souligne le Conseil.
Lever les freins à l’innovation
« Le marché du numérique en santé français regorge de potentialités insuffisamment valorisées, en recherche d’un modèle économique viable », constate le Cnnum. « Nous souhaitons donc insister sur le besoin de lever les freins à l’innovation pour offrir un véritable modèle économique et un marché aux entreprises numériques en santé. »
Le Conseil recommande ainsi de repenser l’organisation du réseau de structures d’accompagnement de l’innovation de façon déconcentrée. Il propose également de développer des mécanismes destinés à encourager l’intégration des citoyens et des professionnels de santé dans les processus d’innovation.
Selon le Cnnum, il est essentiel de renforcer les ponts entre l’industrie et la recherche, « tout en assurant le respect de l’indépendance de cette dernière ». Pour ce faire, le Conseil propose d’attribuer statutairement à la Haute Autorité de santé une mission de conseil afin d’accompagner au mieux les entrepreneurs dans leurs démarches, parfois complexes, auprès des administrations.
Enfin, il recommande de mettre en place des mécanismes de fluidification des échanges des entrepreneurs, professionnels et citoyens investis dans l’innovation avec les décideurs publics.
Une place centrale pour les plateformes nationales de santé
Pour son troisième axe, le Cnnum propose de mettre l’Espace numérique de santé (ENS) au centre du système de santé ainsi que son miroir à destination des professionnels de santé : le bouquet de services aux professionnels de santé (BSP).
« Le référencement des applications et des services qui seront intégrés à ces plateformes doit ainsi assurer un équilibre entre des garanties de qualité des services pour les utilisateurs et des procédures simplifiées pour l’industrie », souligne le Conseil.
L’acculturation des professionnels et des usagers
Quatrième et dernier axe du Cnnum : assurer le succès du numérique en santé en France. Pour le Conseil, il est nécessaire de veiller à ce que ces outils répondent aux besoins de leurs utilisateurs et que ces derniers soient en capacité de se les approprier. « Il faut donc acculturer, former et accompagner les utilisateurs des plateformes nationales de santé en développant des certifications de compétences numériques en santé », précise le Conseil.
Ghislaine Trabacchi
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