Nous parlons de « patient 3D », [c’est-à-dire d’un]« patient digne, debout et détendu », explique à propos de la « chirurgie J0 » et de la « chirurgie patient debout » Claire Daviron, directrice des opérations et de l’innovation d’Hospi Grand Ouest, groupe hospitalier mutualiste implanté dans les Pays de la Loire et en Bretagne. Ces organisations sont plébiscitées par les patients et rendues possibles grâce à l’utilisation de solutions numériques, note la responsable.
Pour Claire Daviron ce projet d’Hospi Grand Ouest réorganise le parcours des patients bénéficiant d’une prise en charge chirurgicale. Dans une interview accordée à Health & Tech Intelligence, elle explique que cette initiative a été lancée après des visites organisées dans des hôpitaux du Danemark, où l’interopérabilité de tous les systèmes numériques de santé installés tant en ville que dans les établissements ont permis la mise en place d’organisations innovantes.
En particulier, l’accueil du patient dans l’établissement le jour même de son intervention (« chirurgie J0 ») ainsi que son arrivée debout au bloc (« chirurgie patient debout ») se sont avérées des pratiques courantes dans ces établissements.
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Au retour de ces visites, la décision a été prise de mettre en place certaines des pratiques observées, notamment la chirurgie J0, dans un premier temps sur un site pilote (la clinique de la Sagesse à Rennes) puis au sein du groupe, indique Claire Daviron.
Le projet a été financé par l’agence régionale de santé (ARS) de Bretagne, sélectionnée dans le cadre d’un appel à projet lancé en 2017 pour recenser des initiatives innovantes du point de vue de l’organisation des soins.
L’arrivée debout au bloc : une organisation à revoir
Plus répandue et plus simple à organiser que la « chirurgie J0 » (accueil du patient le jour de son opération), l’arrivée debout du patient au bloc opératoire oblige toutefois à penser autrement. Si les patients sont unanimes pour valider cette pratique, les impacts sont multiples au niveau des professionnels des blocs, commente Claire Daviron.
Introduire un regard extérieur dans un univers auparavant protégé implique de revoir les circulations des patients arrivant en marchant auprès du brancardier : éviter les vues sur les blocs ou de croiser les patients sortant de bloc. Le brancardier, debout auprès du patient, discute avec lui pendant son parcours depuis sa chambre ou son lieu d’arrivée. Le chirurgien et l’anesthésiste accueillent ainsi un patient autonome et éveillé.
Cette organisation préserve la dignité du patient, note la directrice des opérations et de l’innovation d’Hospi Grand Ouest : une attention est portée à son habillage, il garde avec lui dentier, prothèses auditives, perruque… qu’il enlèvera au dernier moment.
Un suivi rigoureux des parcours et des flux
La réussite d’un tel projet repose donc sur la réorganisation et un suivi rigoureux des parcours et des flux : le système d’information et les solutions de traçabilité sont les clés, indique Claire Daviron. La réussite de cette organisation repose également sur l’aménagement des lieux, comme par exemple un petit espace dédié à l’entrée du bloc, sas ou salon, ou un lieu de stockage pour les solutions de transport des patients après la chirurgie.
Chirurgie J0 : un SI interfacé avec la ville
Le pas suivant est l’arrivée du patient dans l’établissement le jour même de son intervention (« chirurgie J0 »). Cette organisation nécessite la mise en place d’une Udac et d’un système d’information interfacé avec la ville et les outils du patient pour une traçabilité et une gestion optimale de ces flux temps réel, explique Claire Daviron.
L’organisation de chirurgie J0 se fait au moment de la décision de l’intervention. Le patient reste décisionnaire du mode de sa prise en charge. Les critères d’exclusion ne sont pas fréquents : « Moins de 10 % des patients ne sont pas éligibles », précise la responsable.
Parcours des patients : un jour de moins à l’hôpital
Les patients réalisent leur consultation d’anesthésie ainsi qu’une consultation infirmière au sein de l’Udac une quinzaine de jours avant l’intervention. Cette consultation permet d’assurer l’amont de l’intervention (préparation, recommandations, suivi si nécessaire, questionnaires en ligne) ainsi que l’aval (en particulier l’organisation du suivi kinésithérapie et infirmier) et de familiariser le patient avec les lieux.
Le matin de l’intervention, les patients arrivent à l’unité d’accueil chirurgical dans une salle d’attente dédiée à leur accueil. Ils y voient l’IDE et trouvent le vestiaire avec une tenue dédiée ainsi qu’une petite valise pour leurs effets personnels qui les suivra le long de leur parcours.
L’attente se fait ensuite dans un petit salon puis ils partent à pieds au bloc. Une zone d’attente à l’entrée du bloc permet la gestion optimale de ce flux tendu. Après l’intervention, les patients récupèrent leurs effets personnels et peuvent soit rentrer chez eux, soit être hospitalisés dans un service qu’ils découvriront alors.
Les patients restent un jour de moins à l’hôpital et sont moins stressés avant l’intervention, commente Claire Daviron.
Rédigé par Health & Tech Intelligence – Care Insight
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