La stratégie d’Alibaba Cloud en France s’articule autour de 3 axes, explique (Kévin) Qunkai Liu, directeur France de l’entreprise :
• développer un écosystème local en nouant des partenariats avec des distributeurs, des revendeurs et des intégrateurs de logiciels ;
• aider les sociétés françaises, dont les start-ups, à se développer en Asie, et en particulier en Chine, parce que c’est notre marché de base ;
• aider ces sociétés dans leur transformation digitale via l’expérience du groupe Alibaba en Chine, qui est aujourd’hui un marché très innovant.
Dans le cadre d’un entretien accordé à Health&Tech Intelligence au cours du salon VivaTech 2019, Qunkai Liu reconnaît que les entreprises qui souhaitent se développer à l’international doivent regarder du côté des États-Unis mais estime qu’elles doivent aussi regarder du côté Est, insistant sur le fait »qu’il ne faut pas négliger le potentiel et la taille du marché asiatique« . Il revient par ailleurs sur la participation d’Alibaba Cloud au développement de solutions basées sur l’IA dans le domaine de la santé et sur la stratégie « go to market » de l’entreprise, expliquant que son objectif est d’être intégrée dans l’écosystème. « Nous ne pouvons pas être champions dans tous les domaines, précise-t-il. En revanche, nous pensons que nous sommes bien positionnés dans la technologie des données ».
En quoi le marché chinois est intéressant pour les entreprises françaises, et notamment de santé, par rapport au marché américain par exemple ?
Le marché chinois est intéressant de par sa taille. Il y a 1,386 milliard d’habitants (chiffres 2017) donc un nombre très important de consommateurs potentiels. La Chine est le premier consommateur au monde dans les domaines du luxe, du jeu, du manufacturing et de la santé.
Une entreprise qui veut se développer à l’international doit bien sûr aller aux États-Unis mais il ne faut pas négliger le potentiel et la taille du marché asiatique.
Existe-t-il des aides particulières pour soutenir le développement d’entreprises étrangères en Chine ?
En ce qui concerne les politiques gouvernementales sur le sujet, je peux difficilement vous répondre mais je sais qu’il existe des parcs de scientifiques technologiques qui facilitent l’implantation des sociétés tech européennes en Chine.
Du côté d’Alibaba Cloud, nous aidons ces sociétés dans le déploiement de leur plateforme digitale mais nous les accompagnons aussi dans leur mise en conformité avec la réglementation qui encadre le marché chinois parce que, comme en France et en Europe avec le RGPD, il y a aussi en Chine des lois relatives à la sécurité des données.
Que pensez-vous justement du RGPD ?
Le RGPD n’est pas problématique de mon point de vue parce que c’est une norme industrielle. C’est même positif parce qu’il s’agit d’une norme transparente, qui définit les règles. Toutes les entreprises doivent donc les suivre. C’est bien.
En Europe, vous êtes implanté à Londres (territoire UK et pays nordiques) et en Allemagne (Pays de l’Est et Europe centrale). Pourquoi avoir choisi de vous implanter aussi en France ?
Tout d’abord, la France est un grand pays du retail, du luxe et de la fintech notamment, des domaines qui nous concernent.
Le marché français est aussi intéressant en termes de business parce qu’il y a des milliers d’entreprises françaises qui se développent en Chine actuellement.
Par ailleurs, il y a un lien amical entre les deux pays. La Chine n’a pas oublié que la France avait été le premier pays à reconnaître la République populaire Chine par le biais du général de Gaulle (janvier 1964).
Quelle est précisément votre stratégie en termes de « go to market », et notamment dans le domaine de la santé ?
Notre stratégie est de développer l’écosystème. Cet écosystème est verticalisé. Parmi celui-ci, nous avons des partenaires dans le domaine du retail et aussi dans celui de la santé. Notre préoccupation est de savoir comme rendre le plus robustes et le plus riches possibles nos capacités en termes de traitement de données pour que nos partenaires dans les métiers de la santé puissent en profiter et mettre en œuvre des solutions permettant d’améliorer l’offre de soins.
Nous ne sommes pas directement fournisseur de solutions de santé mais nous permettons d’en développer.
La santé est de plus en plus digitalisée. Au cœur de cette numérisation se trouve le traitement des données, l’idée étant de proposer un traitement à la fois plus performant mais aussi plus intelligent. C’est la même problématique quel que soit le secteur, santé, retail ou fintech.
Notre stratégie en termes de « go to market » c’est d’être intégrés parce que nous pensons que nous ne pouvons pas être champions dans tous les domaines. En revanche, nous pensons que nous sommes bien positionnés dans la technologie des données.
Alibaba Cloud est spécialisé dans l’intelligence artificielle, et plus précisément le machine learning (apprentissage automatique). Quelle est précisément votre activité dans ces domaines en santé ?
Nous sommes au tout au début de notre implantation en France (l’équipe française a été constituée en 2016 et compte actuellement une vingtaine de collaborateurs) et nous en sommes pour l’instant qu’au stade premier de notre développement dans le domaine de l’IA et des big data, d’autant plus qu’ici, une certification doit être obtenue pour pouvoir traiter les données de santé.
En Chine, en revanche, nous avons participé au développement de plusieurs solutions. Nous utilisons l’IA dans la santé à travers un projet labellisé « ET Medical Brain ». Dans ce cadre, nous aidons par exemple les professionnels de santé à analyser des images médicales via des systèmes basés sur du machine learning dans l’optique de mieux identifier les nodules dans les poumons.
Nous avons aussi dans notre infrastructure des solutions pour des sociétés spécialisées dans le domaine de l’analyse génétique. Il s’agit ici de traitement de masse (mass processing) de données. L’avantage d’Alibaba Cloud, c’est que nous disposons d’une plateforme robuste qui peut supporter cette analyse de big data.
L’Assemblée nationale a voté le 8 avril en première lecture l’instauration d’une taxe sur les géants mondiaux du numérique. Cette taxe inquiète-t-elle un géant du numérique comme Alibaba ?
Je ne suis pas habilité à vous répondre sur ce sujet en ce qui concerne le groupe Alibaba. Pour Alibaba Cloud, cela ne nous concerne pas. Nous sommes soumis à la loi française comme n’importe quelle entreprise locale.
Rédigé par Health & Tech Intelligence – Care Insight