Certes, la crise sanitaire a engendré une augmentation inédite des usages du numérique en santé. Mais cette opportunité technologique destinée à rapprocher les Français de leur système de santé est-elle accessible à tous et à toutes ? C’est à cette question que répond aujourd’hui le premier Observatoire de l’accès au numérique en santé publié en juin par la Fondation Roche. Ce document est réalisé à partir d’un sondage Harris Interactive mené auprès de 2000 Français avec le soutien de la Croix-Rouge française et de WeTechCare.
Ces douze derniers mois, le numérique a permis de rapprocher les Français du système de santé alors même qu’ils en étaient le plus souvent physiquement éloignés. 86% d’entre eux expriment un réel enthousiasme à l’égard des potentialités induites par l’accélération des usages du numérique en santé mais 52% des Français se déclarent tout à la fois défavorisés à l’égard de l’accès aux technologies numériques et de l’accès aux soins.
« Cette explosion des usages a également révélé les difficultés associées à la dématérialisation de certains services publics », nuance ainsi le rapport. Le cas de la vaccination contre le Covid-19 en est un exemple emblématique : « Dans certaines régions françaises, où les fractures numériques se font le plus ressentir, nombreux sont les Français qui dans un premier temps n’ont pu accéder au vaccin sur des plateformes numériques comme Doctolib », souligne-t-il.
L’exclusion numérique souvent liée à une exclusion sociale
Pourtant, la démocratisation du numérique en santé représente une opportunité pour rapprocher les Français du système de soins, alors qu’aujourd’hui ils sont plus d’un tiers à s’en sentir éloignés. Mais pour ce faire, il est primordial de prendre conscience du niveau de maîtrise et d’acculturation extrêmement hétérogène de la population vis-à-vis des outils numériques en santé, et des inégalités qui y sont associées.
Le sondage met ainsi en exergue quatre grandes catégories de Français : les exclus, les éloignés, les usagers ordinaires et les experts. « 59% des Français déclarent connaître au moins une personne qu’ils considèrent comme exclue du numérique », précise le rapport. Un sentiment d’exclusion numérique souvent lié à une exclusion sociale au sens large qui touche souvent les plus âgés : un Français de plus de 65 ans sur cinq appartenant à cette catégorie. Des Français qui « ont un réel besoin d’accompagnement et de formation au long court dans les années à venir », mentionne le document.
A côté, 58% de la population française appartient à la catégorie des usagers dits ordinaires. S’ils maitrisent globalement les usages basiques des outils numériques, ils ont néanmoins besoin d’être accompagnés pour réaliser certaines démarches ou accéder à certains services, comme le dossier médical partagé (DMP).
Enfin, 28% des Français sont des experts du numérique : ils sont sur-représentés chez les jeunes et les hommes qui bénéficient de l’ensemble des opportunités offertes par le numérique dans le domaine de la santé.
Ghislaine Trabacchi
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