« L’intelligence artificielle (IA) constitue un grand espoir pour améliorer la prestation des soins et la médecine dans le monde entier, mais à condition de placer l’éthique et les droits humains au cœur de sa conception, de son déploiement et de son utilisation », considère l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans son premier rapport mondial sur l’intelligence artificielle appliquée à la santé publié le 28 juin dernier.
Fruit de deux années de consultations menées par un groupe d’experts internationaux, ce rapport est consacré à l’éthique et à la gouvernance de l’IA en santé. « Comme toute nouvelle technologie, l’intelligence artificielle présente un immense potentiel pour améliorer la santé de millions de personnes dans le monde, mais comme pour toute technologie, il peut aussi en être fait mauvais usage et elle peut entraîner des effets préjudiciables », déclare le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. « Ce nouveau rapport, d’une importance capitale, constitue un guide précieux pour les pays qui souhaitent maximiser les avantages de l’IA, tout en en minimisant les risques et en en évitant les pièges. »
L’OMS édicte ainsi six principes directeurs pour que, dans tous les pays, l’IA œuvre dans l’intérêt public.
Protéger l’autonomie de l’être humain. Dans le contexte des soins de santé, les individus doivent rester maîtres des systèmes de soins de santé et des décisions médicales, la vie privée et la confidentialité doivent être protégées et les patients doivent donner un consentement éclairé valide au moyen de cadres juridiques appropriés en matière de protection des données.
Promouvoir le bien-être et la sécurité des personnes ainsi que l’intérêt public. Les concepteurs de technologies d’IA doivent respecter les obligations réglementaires relatives à la sécurité, à la précision et à l’efficacité pour des utilisations ou des indications bien définies. Il faut pouvoir disposer de mesures de contrôle de la qualité dans la pratique et d’amélioration de la qualité dans l’utilisation de l’IA.
Garantir la transparence, la clarté et l’intelligibilité. La transparence exige que des informations suffisantes soient publiées ou documentées avant la conception ou le déploiement d’une technologie d’IA. Ces informations doivent être facilement accessibles et permettre une consultation et un débat publics constructifs sur la conception de la technologie et sur l’utilisation qui doit ou non en être faite.
Encourager la responsabilité et l’obligation de rendre des comptes. Même si les technologies d’IA permettent d’accomplir des tâches spécifiques, il incombe aux parties prenantes de veiller à ce qu’elles soient utilisées dans des conditions appropriées et par des personnes dûment formées. Des mécanismes efficaces doivent être mis en place pour permettre aux individus et aux groupes lésés par des décisions fondées sur des algorithmes de contester ces décisions et d’obtenir réparation.
Garantir l’inclusion et l’équité. L’inclusion suppose que l’IA appliquée à la santé soit conçue de manière à encourager l’utilisation et l’accès équitables les plus larges possibles, indépendamment de l’âge, du sexe, du genre, des revenus, de la race, de l’origine ethnique, de l’orientation sexuelle, des capacités ou d’autres caractéristiques protégées par les codes relatifs aux droits humains.
Promouvoir une IA réactive et durable. Les concepteurs, les développeurs et les utilisateurs devraient évaluer de manière continue et transparente les applications de l’IA en situation réelle afin de s’assurer que cette technologie répond de manière adéquate et appropriée aux attentes et aux besoins. Les systèmes d’IA devraient également être conçus de sorte à réduire au minimum leurs conséquences environnementales et à accroître leur efficacité énergétique. Les gouvernements et les entreprises devraient anticiper les bouleversements qui seront occasionnés au niveau du travail, notamment la formation des agents de santé qui devront se familiariser avec l’utilisation des systèmes d’IA, et les pertes d’emploi que le recours à des systèmes automatisés est susceptible d’engendrer.
Ghislaine Trabacchi
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