Jean-Philippe Diguet, directeur de l’assurance à la Mutualité Française a co-piloté la partie « Assurance des personnes » de cet ouvrage avec Jean-Charles Grollemund, président de la Commission innovation du Centre technique des Institutions de prévoyance (CTIP). Voici la synthèse de leurs conclusions.
« Il apparaît clairement que l’intelligence artificielle peut être déployée sur toute la chaîne de valeur de l’assurance de personnes quel que soit le risque à couvrir, du moment où elle sert d’aide à la décision d’un expert humain.
Pour l’ensemble des risques de l’assurance de personnes, le recours à l’intelligence artificielle doit répondre à la demande d’approche individualisée en fonction de l’assuré, de son âge, de sa propre appétence au risque, de son horizon de couverture pour lui proposer la réponse assurancielle optimale. Toutefois, cette approche individualisée ne doit pas méconnaître la nécessaire mutualisation du risque, principe de base de l’assurance, ni de permettre une quelconque discrimination à l’assurance.
Pour l’ensemble des acteurs de l’assurance, l’enjeu premier est de structurer les données. En effet, les données sont les prérequis à toute forme d’intelligence artificielle et proviennent souvent de différentes sources, de réels silos hermétiques. Le « désilotage » est préalablement requis pour permettre la modélisation de l’algorithme et l’utilisation de méthodes d’apprentissage.
Associer intelligence artificielle et éthique devrait permettre aux organismes d’assurance de réaliser pleinement leur mission vis-à-vis des usagers que sont les souscripteurs, les assurés et les bénéficiaires des contrats d’assurance de personnes, dans un esprit de bienveillance. En effet, l’assureur accompagne l’usager tout au long de sa vie. Il est incontournable lors de la réalisation du risque assuré.
Grâce au déploiement de la prévention, qui apparaît aujourd’hui dans la majorité des contrats, l’assureur devient prescripteur voire précepteur dans un objectif de non réalisation des risques. La prévention est aujourd’hui perçue positivement par les assurés grâce à l’information en matière de risques de santé et à l’amélioration de la facilité à organiser le parcours de soin.
De plus, l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle au travers des outils numériques améliorera le suivi des patients et la prévention des maladies, ce qui permettra une prise en charge plus personnalisée, et renforcera la qualité des soins.
L’assurance peut donc se positionner comme acteur créateur de nouvelle valeur : les nouvelles technologies sont considérées comme facteurs de progrès pour la santé selon les différentes enquêtes menées auprès des assureurs. Le secteur de l’assurance se doit d’y trouver sa place par rapport notamment à la Sécurité sociale et à l’État. Pour y parvenir, cette opportunité dans un monde qui se transforme sera un succès si les assureurs traditionnels travaillent avec l’écosystème des assurtech. »
Pour en savoir plus
Cette édition 2019 du livre blanc de la Fabrique d’Assurance intitulé « Intelligence artificielle et éthique dans le secteur de l’assurance » a analysé trois grandes thématiques (Focus France) :
– assurances de personnes,
– assurances IARD,
– métiers de l’assurance et assurés.
Ces trois Focus complètent une analyse macro-économique internationale des grandes tendances actuelles observées concernant l’intelligence artificielle et l’éthique avec leurs implications dans le monde de l’Assurance et se concrétisent par des préconisations pour la France. Vous pouvez télécharger le livre blanc 2019 en cliquant ici.
La Fabrique d’Assurance est une association réunissant des assureurs et des experts d’horizons différents au travers d’ateliers, colloques et outils digitaux.
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